Interview d’Alain Plan, directeur du C.R.I.E.L. Alpes Massif Central

Alain Plan est à la direction et à l’animation Interprofessionnelle du Centre Régional Interprofessionnel de l’Economie Laitière Alpes Massif Central depuis 2012. Après avoir dirigé les interprofessions lait et viande de Rhône-Alpes, il a pris la direction des interprofessions laitière lors de la fusion des régions, soit des deux C.R.I.E.L. Sud-Est et Auvergne-Limousin, pour les fusionner et en faire ainsi C.R.I.E.L. Alpes Massif central.

Le territoire d’action du C.R.I.E.L. Alpes Massif central comprend maintenant la région Auvergne Rhône-Alpes et la région Provence Alpes Côte d’Azur. Toutefois, la région Auvergne Rhône-Alpes concentre la majeure partie de la production laitière.

• Quel est le rôle du C.R.I.E.L. Alpes Massif central ?

Le C.R.I.E.L. est avant tout une association créée par et pour les producteurs de lait et les transformateurs de la filière laitière. Son objectif premier est de réunir et de faire se rencontrer les professionnels de la filière.

L’association se compose de trois collèges professionnels : les producteurs de lait, les coopératives laitières et les industries privées.

Malgré l’absence d’un 4^ème collège (distributeurs et acteurs issus de la restauration collective) – présent à l’échelon national, nous entretenons des liens étroits avec ces professionnels.

A noter également que l’association est compétente pour la filière bovin lait mais également la filière caprine, ce qui n’est pas le cas de tous les C.R.I.E.L. régionaux.

Le C.R.I.E.L. Alpes Massif central intervient sur trois volets :

• L’économie, à travers l’observation de l’évolution des marchés, le partage d’éléments de conjoncture, avec une dimension analyse du passé et prospective ;
• La qualité du lait, à travers le respect des accords interprofessionnels nationaux et régionaux ;
• La communication, à l’attention des professionnels (attractivité des métiers) et du Grand public (présence lors d’événements départementaux et régionaux, déploiement d’actions en milieu scolaire).

Une fois par an, le C.N.I.E.L. réalise un appel au don de lait, au cours duquel producteurs et laiteries sont invités à donner au profit des associations agréées et des banques alimentaires.

En effet, une fois par an, les éleveurs laitiers sont invités à déclarer un volume de lait dévolu à être donné à une association d’aide alimentaire nationale habilitée. Le don de lait peut être transformé en lait U.H.T., en yaourts ou en fromages. Toutes les informations figurent au sein du Guide des bonnes pratiques des dons de lait édité par le C.N.I.E.L..

Globalement, les producteurs et les laiteries ont bien connaissance de ce dispositif que le C.N.I.E.L. et les C.R.I.E.L. promeuvent chaque année. Il s’agit d’un événement reconnu par la filière et l’administration fiscale.

• Peut-on estimer que ces campagnes à l’appel au don sont une réussite ? En effet, la majorité des associations d’aide alimentaire nationales habilitées déplorent le manque de lait. Quelles pourraient en être les causes ?

Nous ne disposons pas de chiffres en région mais, à chaque campagne, nous obtenons des retours positifs et de nombreux relais sont mis en place d’année en année. D’ailleurs, les liens établis entre SOLAAL et le C.N.I.E.L. ont permis de redynamiser la communication autour de l’événement, en sensibilisant les acteurs de la filière à la précarité alimentaire et aux pertes de produits.

Toutefois, le don de lait est soumis à un certain nombre de facteurs pouvant varier d’une année à l’autre. Lorsque les producteurs font face à des surplus de lait, ils sont plus enclins à donner de grands volumes. Cependant, les aléas climatiques impactent fortement les producteurs. En cas de sécheresse, le don de lait est plus difficile car le niveau de référence est difficilement atteint par les éleveurs laitiers.

En outre, la conjoncture du prix du lait et les résultats économiques des producteurs impactent directement les dons. Par exemple, l’année 2021 a été particulièrement difficile pour la profession.

• Quel(s) conseil(s) pour les associations d’aide alimentaire ?

Il pourrait être pertinent qu’un état des lieux soit réalisé entre les têtes de réseau des associations d’aide alimentaire nationales habilitées et les industriels nationaux : quels types de produits ont été donnés ? Quels sont les besoins des associations ? Etc. Ainsi, les besoins des associations pourraient être mieux évalués et transmis aux opérateurs locaux.

Il est possible qu’il existe une mauvaise adéquation entre les mix préparés par les entreprises et les besoins des associations.

En outre, lors de la campagne de communication pour l’appel au don national, les associations peuvent communiquer leurs besoins via les réseaux sociaux et nous les relaierons via nos canaux de communication.

• Comme vous le savez, SOLAAL et ses antennes régionales contribuent, à travers leur mission de facilitateur du don, à compléter les apports en nature des associations d’aide alimentaire. En agissant ainsi, nous œuvrons à limiter les pertes alimentaires au sein des filières agricoles et agro-alimentaire. Quelle est le positionnement du C.R.I.E.L. Alpes Massif central sur ce sujet ?

La lutte contre le gaspillage alimentaire fait partie des préoccupations des collèges du C.R.I.E.L. Alpes Massif Central. Elle résulte du fait que les collèges souhaitent que l’acte de production de nourriture soit valorisé et remis en lumière ; le respect de la nourriture est fondamental pour nos filières.

Aussi, nous axons notre communication sur l’aspect nutritionnel des produits laitiers et nous invitons le Grand public à consommer de manière responsable afin de limiter les pertes mais aussi de soutenir les producteurs locaux. En effet, au sein de notre région, nous avons la chance d’avoir principalement des producteurs laitiers travaillant dans de petites fermes familiales comportant en moyenne une cinquantaine de vaches laitières.

SOLAAL AURA remercie chaleureusement Alain Plan pour sa disponibilité et son engagement en faveur du don alimentaire.

Propos recueillis par Gwladys Seabra, coordinatrice de SOLAAL AURA