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Interview de Guillaume Garot, président du Conseil National de l’Alimentation
Publié le 8 Déc 2022
« L’avis du CNA sur la précarité alimentaire est d’abord riche des contributions qui l’ont nourri ; je veux d’ailleurs remercier SOLAAL pour son expertise ! »
Quelles sont les principales recommandations du rapport sur la précarité alimentaire ?
Cet avis est d’abord riche des contributions qui l’ont nourri ; je veux d’ailleurs remercier SOLAAL pour son expertise ! Les recommandations répondent à quatre ambitions communes : prendre le problème à la racine pour garantir l’accès de toutes et tous à l’alimentation, mieux connaître la précarité alimentaire, améliorer l’aide alimentaire, et développer les initiatives complémentaires ou alternatives. L’inscription du droit à l’alimentation dans le droit français et européen fait partie des recommandations clés. Afin d’améliorer l’accès à l’aide alimentaire, il est également nécessaire de renforcer l’information sur l’accès aux droits, d’améliorer la coordination des acteurs à toutes les échelles et d’augmenter l’aide de l’État pour qu’une partie de l’aide alimentaire soit issue des producteurs locaux pratiquant l’agriculture durable. Pour favoriser l’émergence d’alternatives à l’aide alimentaire, le CNA recommande également de créer un fonds permanent, qui permettrait d’accompagner des initiatives de solidarité alimentaire.
Pouvez-vous nous expliquer la consultation mise en œuvre ?
Le CNA a voulu associer les citoyens à l’élaboration de cet avis. C’est la seconde fois qu’il met en œuvre une démarche de participation citoyenne afin d’enrichir ses travaux. Une attention particulière a été portée à l’inclusion de personnes en situation de précarité, afin de mieux rejoindre leurs attentes et leurs besoins. Deux outils principaux ont été mobilisés : 67 débats organisés avec des acteurs locaux sur le territoire (dont 8 en Outremer), rassemblant 1098 personnes, et un panel citoyen de 18 personnes, dont 10 en situation de précarité alimentaire. La même question a été posée à tous les participants : “Que faut-il faire pour que chaque personne ait un accès digne à une alimentation suffisante et de qualité ?”. Le panel citoyen a produit des recommandations, dont 85% ont été reprises par l’avis final du CNA.
Parmi les questions qui font débat, figure celles de l’expérimentation du chèque alimentaire et de la sécurité sociale alimentaire. Pouvez-vous nous indiquer les différents points de vue qui ont émergé sur ces sujets ?
La question est d’abord importante pour les bénéficiaires, elle l’est aussi pour les acteurs pouvant livrer ou donner des produits, en premier lieu les producteurs, donc. L’enjeu de ces dispositifs, chèque alimentaire, sécurité sociale de l’alimentation, ou autre, c’est qu’ils profitent à l’ensemble des acteurs du système agricole et alimentaire. Les membres du groupe de concertation ont émis des points de vue différents au sujet du chèque alimentaire et de la sécurité sociale de l’alimentation. Par exemple, plusieurs positions ont émergé sur la question des acteurs conventionnés pour diffuser et/ou accepter le chèque alimentaire. Le montant, la fréquence de distribution et les critères d’éligibilité ont également fait l’objet de diverses positions. Sur l’expérimentation d’une sécurité sociale de l’alimentation, plusieurs membres estiment que le coût constitue un blocage. Pour ses partisans, la sécurité sociale de l’alimentation est un système institutionnel, collectif, de droit commun, national et universel. Dans les débats citoyens, cette question de l’universalité de l’aide a été largement débattue.