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Interview d’Arnaud Leroy, président de l’ADEME

Publié le 22 Fév 2022

« Une dynamique très positive de lutte contre les pertes et gaspillages est déjà en place grâce aux actions de SOLAAL qu’il faut généraliser au plus grand nombre ! « , selon Arnaud Leroy, président de l’ADEME.

Pouvez-vous nous rappeler les études menées par l’ADEME en matière de lutte contre les pertes et gaspillages alimentaires ? 

Depuis 2014, l’ADEME cherche au travers des études qu’elle pilote ou accompagne, à mieux comprendre pourquoi ce phénomène unanimement condamné est encore si important et surtout, à tester et évaluer des solutions de réduction. C’est le principe des opérations témoins que nous avons menées sur la restauration collective (2016), la grande distribution (2016), les industries agroalimentaires (2018) les établissements de santé (2019), les foyers (2019) et plus récemment avec les exploitations de fruits et légumes (2021). L’objectif étant de montrer par l’exemple que des solutions de réduction sont possibles et permettent en plus de générer des économies substantielles. Rappelons également que la Loi AntiGaspillage pour une Economie Circulaire de 2020 fixe l’objectif de réduire de moitié le gaspillage alimentaire d’ici 2025 ou 2030 selon les acteurs.

Quelles sont les conclusions et recommandations principales de votre étude sur les leviers de réduction des pertes et gaspillages en exploitations agricoles ?

En accompagnant ces exploitations dans la réalisation d’un diagnostic fin de leurs pertes et en testant des actions sur une saison complète, il a été possible d’identifier des leviers de réduction importants. En moyenne, sur les 14 sites audités, un tiers de la production n’est pas commercialisé comme initialement prévu par le producteur et 17% ne sont pas valorisés pour la consommation humaine, que ce soit pour des écueils sur les étapes de récolte, de tri ou de stockage, ou encore de conformité des cahiers des charges. Selon le type de production des écarts importants sont à noter pouvant aller de 10 à 40% de pertes alimentaires. Globalement les pertes sont soumises à des variations saisonnières très fortes (rendements, évolution des marchés) qui impactent les résultats de l’étude avec un marché globalement favorable en 2020 (avec une demande plus forte que l’offre) pour la majorité des productions participantes.

Il est possible via des actions simples de générer en moyenne par site 315 000 euros d’économie sur une année ! Il n’y a pas d’actions standards mais nous avons pu tester par exemple l’assouplissement progressif des cahiers des charges en lien avec les distributeurs, le développement de circuits de vente alternatifs pour les produits non conformes ou encore un travail sur des tris plus précis et une adaptation des durées de stockage.

Qu’attendez-vous de plus des acteurs agricoles déjà très impliqués dans la lutte contre les pertes et gaspillages ?

Depuis l’étude sur l’état des pertes et gaspillages alimentaires en France réalisée en 2016 qui présentait les chiffres clés, notre message est de rappeler qu’on ne résoudra pas ce problème sans impliquer l’ensemble des maillons de la chaine. Le monde est agricole en est le premier maillon. En partageant les résultats de notre dernière étude sur les fruits et légumes, en testant des solutions et en mobilisant les acteurs avals, il est possible d’aller vers une transition écologique rapidement. Une dynamique très positive est déjà en place grâce aux actions de SOLAAL qu’il faut généraliser au plus grand nombre !

Publié le 7 octobre 2021